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CULTURE

JEAN-PIERRE SUC, 1927 – 1960

LE PRINCE DE LA NUIT

A l’occasion de l’exposition qui lui est consacrée à la Halle Tropisme, découvrez le portrait et le parcours de l’ artiste Montpelliérain qui s’est donné la mort à 33 ans dans un train Paris – Montpellier.

BIOGRAPHIE —

Jean-Pierre Suc est né d’une famille d’artisans boulangers à Montpellier, rue Candolle, à deux pas de la cathédrale Saint-Pierre, le 2 novembre 1927. Méconnu de la chanson française aujourd’hui, auréolé du mythe de son suicide, il a pourtant été un grand artiste parmi les grands, source d’inspiration, entre autres, de Georges Brassens et Boby Lapointe.

MONTPELLIER

L’ENTRÉE AUX BEAUX ARTS
Après avoir suivi sa scolarité au lycée Joffre, Suc entre aux Beaux-Arts en 1948 où il apprend les rudiments du dessin auprès de Georges Dezeuze.

« Rapidement il acquit les connaissances de base et son talent ne tarda pas à percer. Selon la bonne formule d’antan, il copiait les œuvres des maîtres au musée Fabre. C’est ainsi qu’il exécuta une étude d’après la Descente de Croix de Pedro de Campana. Un tableau splendide, austère et d’une tristesse rarement atteinte par les peintres de la Passion du Christ. Le noir est la couleur dominante. Les personnages suent la mélancolie. Le paysage est lugubre. Il était curieux qu’à vingt ans, un tel garçon ait aimé se pencher sur cette scène de désespoir » (Écrit du dimanche, Montpellier, Presses du Languedoc, Max Chaleil éditeur, 1986, p. 194)

L’AUTODIDACTE JAZZMAN

Mais Jean-Pierre est aussi un passionné et musicien autodidacte de jazz, une passion qui l’amène à fréquenter le Conservatoire de la ville et à monter son propre groupe. En 1951, alors qu’il enseigne le dessin au Lycée Joffre, il monte un orchestre « L’Original Jazz Gang », accompagné de son frère Charly à la trompette, de Gaston Balenglow au trombone, de Jean Laporte à la clarinette et de Ralph Bujalte à la batterie. Hugues Panassié, venu les écouter à la cave de « L’Ambiance », les qualifie d’orchestre « le plus swinguant de France ». Le dimanche matin au Rabelais et le soir sur l’Esplanade, au sous-sol du café « L’Ambiance », Suc et ses amis se produisent devant des personnalités célèbres dans le monde de la musique, comme Louis Armstrong.

PARIS

Encouragé par son ami Georges Brassens, Suc décide de s’installer à Paris en 1952 en compagnie de Gaston Balenglow. L’Original Jazz Gang est rapidement engagé au Kentucky Club à Saint Germain des Prés. En 1953, il remporte le premier prix d’un tournoi de Jazz organisé à la salle Pleyel à Paris.
En 1954, Suc retrouve son ami Henri Serre, avec qui il passait des vacances au bord de la mer. Ce dernier lui propose de former un duo musical. « Suc et Serre et leur trombone ». L’un des duos les plus connus du Jazz français à l’époque, est né.

L’ÉMERGENCE DES CABARETS
Nous sommes à la fin des années 50. La Seconde Guerre Mondiale est terminée et la ville lumière représente une terre nouvelle pour les artistes du monde entier. Les « enfants de l’après-guerre », jeunes artistes en quête de gloire et d’une liberté nouvelle, cherchent à se démarquer de leurs ainés. Les artistes provinciaux fraîchement arrivés ont du mal à s’intégrer et se regroupent de l’autre côté de la rive, dans le quartier Mouffetard au 24 rue Descartes, immeuble où Paul Verlaine est décédé. Dans cette même rue d’anciennes merceries et librairies se transforment en de nouveaux lieux de culture, combinant salles d’exposition et de spectacles. Jean-Pierre Suc s’y produit et est repéré par Léon Tcherniac, qui lui confie la direction artistique et la programmation de son cabaret, « Le Cheval d’Or ». Jean-Pierre a alors 22 ans.

Mais le succès est de courte durée. Henri Serre se tourne de plus en plus vers le cinéma. Porté par son succès dans Jules et Jim de FrançoisTruffaut, il décide d’abandonner sa carrière musicale. C’est la fin du duo « Suc et Serre ».

LE SOLISTE SOLITAIRE

Jean-Pierre commence alors la carrière solo dont il rêvait. Mais il signe désormais des textes elliptiques, macabres, teintés d’un humour noir souvent pris au premier degré et dans lesquels transparaît une véritable obsession pour la mort.

« Il avait des obsessions pour le Christ mort à 33 ans et une passion pour Sade : … » (Luce Klein pour la revue Vinyl)

En 1959, Boris Vian lui propose d’enregistrer des chansons pour la marque de disque « Fontana », filiale de Philips. Avec Pierre Brunet, Anne Sylvestre et Roger Riffard, Jean-Pierre apparaît comme révélation de l’année sur le 45 tours « Le trèfle à quatre feuilles » ou en vedette américaine dans le spectacle de Robert Rocca. En privé, il peint dans son garage et travaille à une pièce fantaisiste, « Les Bouffetards ». Mais son protecteur Boris Vian meurt et Jean-Pierre s’enfonce dans une profonde depression.

Le 16 mai 1960, il met de l’ordre dans ses affaires : après avoir vendu toutes ses toiles et payé ses dettes, il propose à son ami Edouard Sainte-Marie un voyage à Montpellier. Dans le train qui le conduit à sa ville natale, le 17 mai, Jean-Pierre Suc se donne la mort à 33 ans, d’une balle dans la tête.

UN GRAND ARTISTE TOMBE DANS L’OUBLI
Après la mort de Jean-Pierre Suc, Pierre Maguelon reprend les rênes du Cheval d’Or, qui finit par fermer ses portes en 1967.
Quelques années plus tard, Gaston Balenglow propose à Jean Jean-Christophe Averty et François Chantel « Chansons pour un ami » : une émission écrite par René Fallet dans laquelle des chanteuses et chanteurs interprètent des chansons écrites par Jean-Pierre Suc. L’émission est programmée le 5 juin 1969, à 22h40 sur la première chaîne de la télévision française. On peut y voir Jacques Brel chanter « La Place de la Contrescarpe », mais aussi Catherine Sauvage, Pierre Étaix, Luce Klein, Boby Lapointe, Corinne Marchand, Michel Legrand et Georges Brassens.

Le disque des chansons enregistrées chez Philips en janvier 1975, 15 ans après sa mort. « À entendre (Jean-Pierre Suc) aujourd’hui, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il était drôlement en avance. Ses chansons, brèves, sobres, rappellent tout à la fois Félix Leclerc, Boby Lapointe et Francis Lemarque.

 « Si Jean-Pierre Suc vivait aujourd’hui, il serait sans doute parmi les plus grands. Mais ce disque n’est pas seulement un document exceptionnel. C’est un grand moment de chanson française ». (Jacques Marquis pour Télérama)

Images d’archives de la collection Mireille Suc

EXPOSITION ET PROGRAMMATION AUTOUR DE L’EXPOSITION

Halle Tropisme

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2020-11-17T12:19:13+01:008 septembre 20|CULTURE|
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